Letter from W.F. Wentzel in which he mentions the death of François Pilon by starvation


Source:
Masson, L.R.
1889 "Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest. Récits de voyages, lettres et rapports inédits relatifs au nord-ouest canadien". Imprimerie Générale A. Coté et Co. Québec, pages 106-108.



 
McKenzie River, April 30th, 1811

Mr. McKenzie,

Dear Sir,

Depending entirely on your generosity for forgiveness in not writing so fully as might have been expected from a person buried as we are in this country, I beg leave to state briefly that I am gratefully sensible of your kindness towards me and hope for a continuance of your good will.

(Étant entièrement dépendent de votre généreux pardon pour ne pas avoir écrit autant que l'on pourrait s'attendre d'une personne enfouie dans ce pays, je vous prie de me permettre d'exprimer ma reconnaissance pour votre amabilité envers moi et j'espère pouvoir compter sur votre bonne volonté à l'avenir.)

This last winter has been the most melancholy and most disastrous that could ever have befallen to any one single man to support without becoming torpidly stupid or totally senseless.  Our distresses and sufferings have been so great, that, of four Christians who were left at this establishment last Fall, I am the only survivor, and in a state more easily conceived than described, when I inform you that, from the 13th of December 1810 to the 12th of January, we knew, nor saw any kind of meat but dressed moose deer skins and green parchment skins.  At this date we received only seven plues of fresh meat and were upon this little supply no less than eight mouths, of course it was but two meals. 

(L'hiver dernier fut la plus mélancolique et la plus désastreuse qui n'aurait jamais pû frapper un homme seul sans qu'il ne devienne fou.  Notre détresse et notre souffrance furent telles que des quatre Chrétiens qui demeurèrent à ce poste l'automne dernier, je suis l'unique survivant dans une condition plus facilement conçue que décrite.  Entre le 13 décembre 1810 et le 12 janvier, nous n'avons pas connu ni vu aucune espèce de viande que les peaux d'orignaux et les peaux vertes en parchemin.  À date nous n'avons reçu que sept plues de viande fraiche et sommes pas moins que huit bouches à la partager.  Cela n'a suffit que pour deux repas.)

From that period to the 11th of March, we lived upon nothing else but dried beaver skins; our number was then increased to thirteen, and fifteen during the space of twenty-two days.  We destroyed in order to keep ourselves alive upward of three hundred beaver skins besides a few lynx and otter skins.  Since that time to the present day we have a meal now and then; at intervals we are still two or three days without anything.  All my men are dead of starvation, viz: Louis LeMai dit Poudrier and one of his children, François Pilon and William Henry, my hunter.

(De cette période jusqu'au 11 mars, nous n'avons subsisté que de peaux de castors séchées; notre groupe s'est accru à treize et quinze pendant l'espace de vingt-deux jours.  Pour nous garder en vie nous avons détruit plus de 300 peaux de castors en plus de quelques peaux de lynx et de loutre.  Entre ce temps-là et aujourd'hui nous avons un repas de temps à autre, nous passons souvent deux ou trois jours sans rien manger.  Tout mes hommes sont morts de faim: Louis LeMai dit Poudrier et un de ses enfants, François Pilon et William Henry mon chasseur.)

I am unable to describe my own position; all my Indians have starved more or less; from one small band only, I received news yesterday evening that five were dead of hunger; but of the majority of the Natives, I have not heard of since the month of November, they were already at that period gnawing the clothing they had upon themselves.

(Je peux mal décrire ma propre condition; tout mes Indiens ont soufferts de faim.  D'une petite bande j'ai reçu hier soir la nouvelle que cinq des leur ont succombés à la faim.  Mais de la majorité des Indiens je n'ai rien entendu depuis le mois de novembre à quelle époque ils mangeaient déjà les vêtements de sur leurs dos.)

Hares have totally failed throughout all parts of the country and large cattle have been uncommonly scarce at this place in particular, and the cold has been, this winter, the severest I have ever known.  The ice on the Grand River is no less than four and a half  to five feet thick, and at this late date none of the snow has yet disappeared in the woods.

(Les lièvres ont manqués partout et les cervidés sont drolement rare à cet endroit en particulier, et le froid cet hiver a été le plus sévère que je n'ai jamais connu.  La glace sur la Grande Rivière n'est pas moins que quatre pieds et demi à cinq pieds d'épais et à cette date avancée la neige n'a pas encore disparu des forêts.)

My own position is yet precarious tho' I support my feelings in reflecting that no blame can attach to me; these thoughts are my only confort.  I am quite alone at the Fort, not even an animal to keep me company.  Such are the vicissitudes of fickle fortune! a place where I had never great cause to complain!  But, to use an Indian phrase, Cooloo (qu'importe) I am still alive, why should I complain.

( Ma propre condition est encore précaire quoique je sais que je ne peux me faire de reproche, ces pensées seul me réconfortent.  Je suis bien seul au Fort, même pas un animal pour me garder compagnie.  Tel sont les aléas de la fortune dont je ne me suis jamais plaint!!!  Cependant, pour emprunter une phrase indienne, Cooloo (qu'importe), je suis encore vivant alors pourquoi me plaindre.)

Could I persuade myself that my little friend Johnny would recollect me, I should request a few new tunes of him for which I would make any return in my power.  I have some music to which he is welcome by only sending a note, for I have entirely given up the flute and only scrape, now and then, on the fiddle.  I beg you will please remember me to him; were I a better scholar I would offer myself to begin an acquaintance by letter with him, but I know my inability.  I am an Indian, he is a Christian, he will not like such a rough correspondent...

(Si j'étais convaincu que mon petit ami Johnny se rappellerait de moi, je lui demanderais quelques pièces de musique pour lesquelles je lui payerais n'importe quoi.  J'ai de la musique que je lui donnerais volontier, il n'a qu'à m'en faire la demande car j'ai complètement abandonné la plus et je gratte mon violon que de temps à autre.  Je vous prie de le saluer de ma part.  Si j'étais un meilleur écrivain je tenterais de correspondre avec lui mais je connais mes limites.  Je suis Indien, il est Chrétien, il n'aimerait pas une correspondance si rude...)

Remaining with the utmost respect,
Your most obedient tho' feeble servant,
Will. Ferd. Wentzel

(Demeurant avec le plus grand respect, votre plus obéissant mais faible serviteur,
Will. Ferd. Wentzel)

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